Découvrez notre projet handicap « Cinquième Jour » !
Moins de 10% des élèves en situation de handicap, scolarisés à Paris ou en Ile-de-France, profitent des offres culturelles de leur ville ou de leur région. Les obstacles sont de diverses natures : inaccessibilité du cadre bâti, inadéquation entre les animations proposées et les spécificités liées au handicap, manque d’information sur les propositions des sites culturels. Forts de ce constat, nous avons décidé de créer le projet « Cinquième Jour ». Son objectif est simple : faire participer le public scolaire en situation de handicap à la vie culturelle de la capitale et lui permettre de valoriser ce moment en le partageant avec d’autres enfants. Il se déroule sur 8 à 10 séances.
Au cours des premières visites, les élèves en situation de handicap découvrent le site culturel partenaire et préparent l’accueil d’une classe de leur école. Lors de la dernière séance, ils deviennent des guides pour la classe accueillie et transmettent leurs connaissances. Actuellement nous travaillons avec plusieurs sites culturels partenaires : le musée du quai Branly, le Centre des Monuments Nationaux, le musée des Arts Décoratifs, le musée des Arts et Métiers mais aussi le musée du Louvre, le musée Guimet, la Cité des Sciences.
Interview de Paulette Rouan, Enseignante en ULIS Ecole.
Paulette, vous êtes enseignante en ULIS Ecole dans le 18ème arrondissement de Paris. Pourriez-vous nous décrire simplement le fonctionnement d’une ULIS au sein d’une école élémentaire ?
Les élèves scolarisés dans ma classe présentent des troubles des fonctions cognitives ou mentales, des troubles spécifiques des apprentissages, parfois des troubles envahissants du développement (dont l’autisme). L’ULIS école est un dispositif d’inclusion qui répond à leurs besoins éducatifs particuliers. Les élèves au nombre de 12 maximum, bénéficient, selon leurs possibilités et leur âge, de temps d’inclusion dans une classe de l’école. Ils peuvent y effectuer des apprentissages adaptés à leurs potentialités et leur rythme, en fonction du projet personnalisé de scolarisation de chacun (PPS). Ce dispositif fonctionne sur un tiers de cohorte environ : un tiers en inclusion et en regroupement un tiers avec l’AVSco et le dernier tiers avec le coordonnateur.
Vous avez expérimenté avec vos élèves la plupart des projets « Cinquième Jour » proposés par les PEP75. Comment avez-vous connu notre association ?
J’ai découvert les projets « Cinquième Jour » par le biais du catalogue « Classes à Paris » qui déclinent des projets culturels. Les informations me sont aussi parvenues à l’issue de réunions avec l’ASH et de rencontres au sein des PEP 75. Depuis, j’ai apprécié coopérer avec le pôle Handicap de votre association qui propose un éventail de projets adaptés aux élèves de ma classe.
Pourquoi avoir choisi le projet « le Cinquième Jour »? Quels sont les apports pédagogiques d’un tel projet ?
Les apports sont multiples et répondent déjà aux grands axes de notre projet d’école, à savoir la maîtrise de la langue écrite et orale ainsi que la construction d’un patrimoine culturel commun. Le projet « Cinquième jour » va fédérer deux groupes d’élèves : l’un en situation de handicap et l’autre comprenant des élèves non handicapés. Ce projet utilise la culture comme objet de médiation et va aider les élèves de l’ULIS à se forger une conscience de groupe, leur permettre d’acquérir des savoirs et une ouverture au monde. Ce contact direct avec l’environnement culturel donne du sens aux apprentissages en privilégiant les mises en situation, le vécu et le faire puisque les élèves de l’ULIS école sont amenés lors de la dernière séance à transmettre leurs connaissances aux élèves de la classe invitée, en devenant à leur tour les guides du musée. Cette démarche valorise ainsi les réussites des élèves. Ces différentes formes d’inclusion (individuelle et collective) offrent l’avantage et l’intérêt de confronter les enfants de l’école à la différence, de lever certaines appréhensions ou résistances, de cultiver la tolérance. Les élèves de la classe invitée sont amenés à poursuivre leurs apprentissages dans la même école, à vivre, grandir et travailler ensemble auprès de leurs camarades de l’ ULIS, aussi ce type de projet ne peut que faire évoluer les représentations premières des enfants et de leurs familles grâce à l’écoute et la compréhension de l’autre.
Quel est l’intérêt pour vos élèves d’effectuer un projet dans un site culturel et sur une durée longue (8 à 10 séances sur 5 à 6 mois) ?
Ce travail de long cours permet d’inscrire l’élève dans une temporalité avec des objectifs à atteindre comme être capable de développer le langage d’évocation, de mémoriser des savoirs ou des faits. Les visites et ateliers permettent de faire des liens entre les notions travaillées en amont et en aval de chaque sortie, d’anticiper et de construire, d’alterner oral et écrit en étoffant le cahier d’histoire des arts. L’enjeu de l’enseignant est alors de faire de la mémoire de l’élève un objet de pensée, en le questionnant sur le produit de la mémoire : « de quoi te rappelles-tu ? » et sur son processus « comment as-tu fait pour t’en rappeler ? » Les élèves prennent des repères temporels concrets et s’y réfèrent tout au long de l’année. Une durée longue me permet d’observer et d’évaluer aussi les progrès : leur écoute et leur implication deviennent plus grandes, leur vocabulaire s’enrichit… Certains apprennent à surmonter leur peur face aux obstacles : crainte de sortir hors de l’école, de prendre la parole… Les élèves entrent peu à peu dans la narration. D’autres vont acquérir une appartenance au groupe et une histoire commune.
Pour toute information sur le projet handicap « cinquième jour » et sur notre association, n’hésitez pas à nous contacter : lespep75.com/contact