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Florence Cornu : « Nous avons besoin d’un soutien fort pour nos centres d’hébergement de tourisme social »

Avec plus de 100 ans d’existence, les PEP75 ont toujours su s’adapter aux aléas de l’histoire. Mais comment l’association fait face à la crise du COVID19 ? Peut-elle réellement poursuivre ses actions auprès des plus fragiles ? Réponse sans langue de bois avec Florence Cornu, directrice du secteur médico-social. Interview.

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« Si nous continuons à nous adapter en ouvrant nos centres aux mineurs non accompagnés ou en créant des partenariats avec des associations du médico-social, la survie de notre association est en train de se jouer »

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Avec 100 ans d’existence, on peut dire que votre association a traversé de nombreuses crises… Mais comment faites-vous concrètement pour affronter celle du COVID19 ?

Les PEP 75 ont été créé lors d’une période de crise majeure. En effet, en 1915 alors que la guerre faisait de nombreux orphelins, la question de la prise en charge éducative des enfants s’est posée. A ce jour, en période de confinement, la question du bien-être des enfants, de leurs conditions de vie et leurs droits aux loisirs et à l’éducation continuent de se poser. Dans nos centres d’hébergement, les classes de découverte sont souvent annulées par les autorités, mais les colonies apprenantes sont demandées.

.Vous essayez de vous adapter à la situation…

Oui. Nous tentons de répondre au mieux aux besoins constatés mais la survie des centres de tourisme sociaux est posée. Si nous continuons à nous adapter en ouvrant nos centres aux mineurs non accompagnés ou en créant des partenariats avec des associations du médico-social, la survie de notre association est en train de se jouer. Nous avons besoin de soutien pour que l’ensemble de ces structures d’hébergements continue après la crise à offrir des projets et des séjours aux familles qui en ont besoin.

Réussissez-vous à poursuivre vos actions ? Notamment pour le SAPAD et le SAMELY ?

Pour les élèves malades du SAPAD (Service d’Assistance Pédagogique à Domicile) nous suivons les directives du rectorat. Les cours en présentiel ne peuvent se faire. Ils ont donc lieu à distance. Il en va de même pour la ludothèque. Pour le SAMELY (Service d’Accompagnement des Mères Lycéennes), les mères lycéennes et leurs bébés nécessitent un accompagnement renforcé. Le lien est difficile, entre l’élève et son établissement d’abord. Quelque soit la structure, la fracture numérique est visible… Comment garder du lien sans connexion internet ? L’isolement se renforce, notre action doit donc être la plus efficace possible.

LE SAMELY accompagne les mères lycéennes

« La seconde difficulté est la précarité et le repli sur soi. La crise sanitaire n’a fait qu’accroitre les disparités ! »

Et pour l’accueil scolaire qui a pour objectif de lutter contre le décrochage scolaire ?

Pour l’accompagnement scolaire des élèves fragilisés nos services continuent leurs actions. Les collégiens viennent travailler, dans le respect des gestes barrières bien sûr. L’équipe éducative aide les élèves en proposant un soutien scolaire renforcé. Chaque semaine 5 jeunes et leur familles sont ainsi accompagnés. Sur l’année 150 enfants sont soutenus par l’association.

Finalement, quelles sont les plus grandes difficultés à affronter ?

La difficulté majeure pour les services sociaux PEP actuellement est de recréer un vivre ensemble alors même que le public est isolé. Comment adapter l’accompagnement ? Le présentiel dans le social est indispensable. Si certaines choses peuvent se faire à distance d’autres nécessitent de se voir. C’est la motivation et le savoir-faire de nos équipes qui permettent de maintenir ce lien. Toutefois le bienfondé des classes de découverte ou des colonies est à nouveau valorisé. Reste à mettre en face le financement nécessaire pour que les séjours puissent se faire dès la fin de l’épidémie…
La seconde difficulté est la précarité et le repli sur soi. La crise sanitaire n’a fait qu’accroitre les disparités !

Avez-vous des craintes en termes d’éducation, notamment face au décrochage scolaire qui s’accentue ?

Je crains la mise en place des cours à distance. Le confinement actuel avec des cours en présentiel permettent un regard sur l’enfant, sa scolarité, son bien être. Si nous recommençons un confinement avec une école à domicile, les enfants les plus précaires pourraient ne pas revenir vers l’école… Un cours ce n’est pas une vidéo, c’est prendre en compte les demandes des enfants pour changer les modalités d’apprentissages si les enfants ne sont pas à même de comprendre… Sinon une bonne émission de télévision servirait de cours. Un enseignant modifie ses séquences en fonction des remarques de la réactivité de ses élèves… A domicile sur un téléphone, il est difficile de se concentrer et de participer… Le décrochage est facilité.

« Pour les sorties scolaires nous proposons des ateliers dans les classes parisiennes. En lien avec l’enseignante ces ateliers permettent une ouverture culturelle.« 

Des exemples concrets qui permettent de tirer la sonnette d’alarme ?

En Seine-Saint-Denis et à Paris on a perdu de nombreux élèves qui n’ont pas fait leur rentrée suite au premier confinement. Selon le journal « Le parisien » en septembre en seine saint Denis il en manquait 3900.

Qu’en est-il de vos séjours scolaires ? Vos centres sont-ils occupés ?

Les séjours scolaires qui avaient été décalés sont pour certains de nouveau annulés ou décalés. Nous espérons qu’en 2021 ils pourront avoir lieu. Les colonies apprenantes se sont tenues à la Toussaint et cet été. Des partenariat pour cette année sont effectifs, pendant cette période particulière afin d’héberger des publics fragilisés.

De même que pour les sorties scolaires, votre activité est-elle complétement arrêtée ?

Pour les sorties scolaires nous proposons des ateliers dans les classes parisiennes. En lien avec l’enseignante ces ateliers permettent une ouverture culturelle.

« Le positif que nous pouvons tirer de cette période est la qualité de nos équipes et de nos bénévoles. Présents sur le territoire ils donnent sans compter pour que les PEP75 aient un avenir le plus serein possible. »

Êtes-vous inquiète ou avez-vous confiance en l’avenir ?

J’ai toujours eu confiance en l’avenir, les PEP ont su s’adapter. Toutefois la vente de nombreux centres de tourisme sociaux me font craindre la diminution des séjours collectifs dans une période ou le besoin n’a jamais été aussi fort.

Pouvez-vous compter sur le soutien de partenaires ?

Oui. La région Ile-de-France, l’Agence Régionale de Santé (ARS), le département de Paris nous soutiennent fortement. La CAF a renforcé aussi sont partenariat.

Tirez-vous du positif de cette période ?

Un peu. Le positif que nous pouvons tirer est la qualité de nos équipes et de nos bénévoles. Présents sur le territoire, ils donnent sans compter pour que les PEP75 aient un avenir le plus serein possible. On en profite aussi pour se rapprocher de nos collègues des PEP78 et PEP93 pour créer de nouveaux projets solidaires. Nous ne manquons pas d’idées pour que nos actions se poursuivent coûte que coûte !

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